Salil, bloqué à Calcutta

Salil, bloqué à Calcutta

Je m’attendais à être submergé par la foule à Calcutta. Pourtant, durant les cinq jours passés dans cette immense ville, je n’ai jamais eu l’impression d’être noyé dans la masse. Les habitants sont nombreux et il faut parfois se faufiler pour avancer mais les rues sont grandes, et à certaines heures la foule disparait, vaquant à ses occupations. Nombre de clichés sur la mégapole ce sont néanmoins révélés véridiques à mes yeux, comme ces miriades d’enfants des rues aux regards d’adultes, ces indénombrables taxis jaunes qui ne suivent aucune règle commune, ou encore le marché aux Fleurs de Mullik, véritable féerie de couleurs et de senteurs. Et que dire du fameux temple de Shiva, avec son ambiance digne d’un épisode d’Indiana Jones ?

Dans mes souvenirs, Calcutta restera cette effervescence d’individus aux histoires touchantes, comme Salil que j’ai croisé un jour dans la rue, en cherchant ma route. Après quelques minutes de discussion, je me permets de lui demander d’où vient son anglais si parfait. Il me raconte alors qu’il était un ancien guide et batelier à Varanesi mais que son bateau a brûlé. N’ayant plus de travail, il est venu en chercher à Calcutta, emmenant sa famille avec lui. Malheureusement, il n’avait pas imaginé la difficulté que ce serait pour une personne qui n’est pas née dans cette mégapole d’en trouver. Il passe systématiquement après les locaux et par conséquent, il n’a d’autre choix que de vivre dans la rue avec ses enfants. Sa seule chance serait de retourner dans sa ville natale, Varanesi, pour repartir à zéro. Bien que le prix du bus soit dérisoire, il n’a plus assez d’argent pour y retourner avec les siens et par conséquence, il est condamné à vivre sur les trottoirs. Perplexe, je lui demande pourquoi il ne s’engage pas ici comme guide. La réponse fuse aussitôt : n’étant pas originaire de la ville, si cela se savait, il aurait de gros problèmes et ses enfants aussi.

Son histoire me fait réfléchir et dans mon esprit la ville change alors de visage. Je comprends dès lors que Calcutta comme toute grande ville a ses codes, ses règles, invisibles pour le voyageur, mais bien présentes pour les autochtones.

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